mercredi 30 mars 2011

Rango


Alors qu'il mène une vie sans histoire d'animal de compagnie, un caméléon passionné de théâtre se retrouve par accident propulsé en plein désert. Son périple va l'amener dans la ville de Poussière, au beau milieu de l'Ouest Sauvage, où il va devenir un héros bien malgré lui.

On n'attendait pas vraiment Gore Verbinski, réalisateur de la saga Pirate des Caraïbes, aux commandes d'un film d'animation. Le projet est d'autant plus surprenant qu'il n'est estampillé ni Pixar, ni Dreamworks : c'est à Industrial Light & Magic, société d'effets spéciaux créée par Georges Lucas, que l'on doit les aventures de ce caméléon. Et pour ce coup d'essai, ILM a réalisé un travail totalement bluffant, mettant la barre plus haute que jamais sur le plan technique et offrant un rendu visuel tout simplement hallucinant.

Très impressionnante, la performance n'en est pas moins totalement mise au service de l'imagination des créateurs. Rango se déroule dans un univers de western-spaghetti peuplé d'un étrange bestiaire : chaque personnage est un animal pas franchement joli, voire carrément sale et repoussant. Là où le cinéma d'animation nous avait habitué à des créatures à l'aspect édulcoré, Rango joue à fond la carte du "film de gueules", installant une atmosphère étonnamment sombre et dérangeante... même si l'humour n'est jamais très loin.

Mais le plaisir que procure Rango va bien au-delà de ses seules qualités visuelles. Si le film apparaît convenu sous certains aspects (l'intrigue est, par exemple, plûtôt prévisible), il s'autorise également de véritables prises de risques narratives qui s'avèrent systématiquement payantes, à l'image d'une superbe séquence onirique. Il est aussi truffé de clins d'œils et de citations cinématographiques, allant de Las Vegas Parano à Pulp Fiction en passant par Star Wars et Apocalypse Now. Mais c'est bien évidemment le western-spaghetti qui est à l'honneur pendant près de deux heures, Rango se voulant être autant un hommage qu'une parodie. Saloons mal famés, duels au pistolet et chevauchées sur fond de coucher de soleil : tout y est et c'est un régal absolu ! Avec une mention spéciale pour les chouettes-mariachis, inoubliables narratrices de cette aventure...

Généreux et sincère, Rango est au final une magnifique déclaration d'amour au Cinéma. Une excellente surprise.

Verdict :

dimanche 27 mars 2011

Les Yeux de sa Mère


En bref...

Un écrivain à la recherche d'une bonne histoire infiltre la vie d'une journaliste star de la télé et de sa fille danseuse étoile pour écrire à leur insu une biographie non autorisée. De nombreux secrets de famille vont alors ressurgir...

Dans son ambition de livrer un film romanesque et mélodramatique à souhait, Thierry Klifa a oublié d'épurer un scénario à la fois fourre-tout, maladroit et complètement invraisemblable. Un défaut impardonnable pour une œuvre qui se voudrait très écrite.

Si l'on accepte de passer outre, on pourra apprécier une mise en scène sobre mais élégante ainsi que quelques scènes vraiment réussies. Et se dire qu'au bout du compte, les Yeux de sa Mère s'en sort honorablement.

Verdict :

dimanche 13 mars 2011

Fighter


Micky Ward est un boxeur courageux et volontaire, mais sa carrière ne décolle pas. Il faut dire qu'entre le frère camé qui lui sert d'entraîneur et la mère autoritaire qui lui sert de manager, son entourage familial n'est pas propice à enchaîner les victoires. Sa rencontre avec Charlene, une jolie barmaid, va constituer un déclic salvateur.

De Raging Bull à Ali en passant par l'incontournable Rocky, le cinéma nous a donné de nombreux films sur le thème du noble art, si bien que l'on pourrait parler du "film de boxe" comme un genre à part entière. Fighter n'échappe pas aux règles qui lui sont inhérentes et, de ce point de vue, ne surprendra pas : ancrage social, déchéance puis come-back du héros, et bien sûr scènes de vestiaire et d'entraînement. Mais le cœur de tout film de boxe, ce sont bien évidemment les scènes de combat. Pour celles-ci, David O. Russell a opté pour des plans relativement longs (à l'opposé du montage nerveux d'un Michael Mann), valorisant l'esthétique brutalité de chaque affrontement. Le rendu à l'écran est des plus convaincants !

Pour autant, ce n'est pas tant la conquête du titre qui intéresse le réalisateur que le combat de Micky pour se libérer du poids de sa propre famille et de l'ombre d'un frère qui est restée une véritable légende locale. Tout le film s'articule autour de cet enjeu passionnant et le combat est aussi violent sur le ring qu'entre les clans qui entourent ce champion en devenir : d'un côté cette famille bancale, malgré la touchante sincérité de l'amour fraternel, de l'autre, ceux qui veulent l'aider à s'en émanciper. David O. Russell filme chaque scène avec l'intensité d'un round de boxe, les répliques fusant comme autant de coups, d'esquives et de contre-attaques.

L'un des grands points forts de Fighter est d'ailleurs sa galerie de seconds rôles qui trouve pleinement matière à s'exprimer dans cette mise en scène. Si Mark Wahlberg ne démérite pas dans un rôle où la demi-teinte était de rigueur, Christian Bale déchire littéralement l'écran. Sa transformation physique est hallucinante, sa prestation aussi tordante que tragique d'un ex-champion accro au crack l'est tout autant. Melissa Leo est quant à elle saisissante dans son interprétation d'une mère dominatrice. Un joli doublé aux Oscars qui est très loin d'être usurpé.

Verdict :

mardi 8 mars 2011

La Permission de Minuit


En bref...

David (Vincent Lindon) est dermatologue et soigne Romain (Quentin Challal) depuis son plus jeune âge. Romain est un "enfant de la lune" : victime d'une maladie rare, il ne peut s'exposer aux rayons du soleil. Au fil du temps, ces deux-là ont noué une relation d'amitié qui ferait presque de David un père de substitution...

En lisant ce genre de synopsis, on a un peu tendance à imaginer un drame affreusement complaisant et tire-larmes. Mais Delphine Gleize a su trouver le ton juste en choisissant de mettre les personnages et l'humain au cœur de son deuxième long-métrage. Elle refuse ainsi d'enfermer Romain dans une posture de martyr, le montrant plus en prise avec ses préoccupations d'ado qu'avec sa maladie.

Dommage que le scénario peine autant à tenir la distance, et surtout que la réalisation ne soit guère plus ambitieuse que celle d'un épisode de Louis la Brocante. Un film ni désastreux, ni inoubliable, qui doit beaucoup à la présence de Vincent Lindon.

Verdict :