mercredi 29 juin 2011

Omar m'a tuer


Un écrivain décide de mener une contre-enquête au sujet de l'affaire Omar Raddad, accusé en 1991 du meutre de Ghislaine Marchal.

La nouvelle décennie sera-t-elle celle de l'audace pour le cinéma hexagonal ? Après La Conquête, Omar m'a tuer est un nouveau film français traitant d'une actualité encore relativement récente. En l’occurrence, un plaidoyer pour prouver l'innocence d'Omar Raddad, ou tout du moins pour rappeler les nombreuses zones d'ombre continuant de peser sur cette affaire.

On ne rentrera pas ici dans le débat sur la légitimité d'un film aussi militant. Que l'on adhère ou non à une telle proposition de cinéma, toujours est-il qu'Omar m'a tuer se veut très didactique dans sa démonstration, en prenant soin de rappeler la chronologie des faits et les incohérences de l'accusation. Un positionnement qui donne au film un aspect presque scolaire : si l'on ne peut nier la nécessité de rappeler les failles de l'enquête, il faut bien dire que cette argumentation professorale n'est pas toujours passionnante. D'autant plus que l'on apprendra rien si tant est qu'on ait un minimum suivi les rebondissements de l'affaire.

C'est plutôt lorsqu'il suit le destin de son accusé de héros qu'Omar m'a tuer est le plus réussi. La transformation physique de Sami Bouajila ne manque pas d'étonner, mais c'est avant tout la force de sa prestation tout en intériorité que l'on retiendra : malgré le quasi-mutisme du personnage, chaque apparition d'Omar Raddad à l'écran est absolument saisissante. Une immense performance d'acteur qui porte le film à elle seule, lui donnant le souffle et l'amplitude dont il aurait bien pu manquer.

On pourra dès lors s'interroger quant à la pertinence du parti pris narratif consistant à alterner scènes "d'époque" et scènes de contre-enquête : le procédé apparaît ici bien trop mécanique et artificiel pour convaincre. Pas désagréable pour autant, Omar m'a tuer laisse finalement l'étrange impression d'un film bicéphale, capable d'être poignant par moments et de ne susciter qu'un ennui poli à d'autres.

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mercredi 22 juin 2011

dimanche 12 juin 2011

X-Men : le Commencement


Dans les années 60, les mutants sont réunis autour d'événements majeurs de la Guerre Froide. Ou comment prend naissance la saga X-Men.

Le cahier des charges de ce prequel (comme son nom l'indique !) avait de quoi intimider. En plus de constituer une introduction cohérente à une franchise qui semble maintenant bien établie, il fallait bien évidemment respecter le quota minimum de scènes d'action pyrotechniques tout en se parant au fond d'un questionnement sur la difficulté d'être mutant.

Matthew Vaughn, auteur du formidable Kick-Ass, se sort plutôt bien de ce programme de figures imposés. Bien loin de se contenter d'une mise en images paresseuse, le réalisateur parvient à insuffler du souffle à ce premier blockbuster estival. La très bonne idée du film est d'exploiter le background 60's d'un scénario qui n'hésite pas à lier le destin des mutants à la crise des missiles de Cuba. Il y a dans ce X-Men un parfum de guerre froide qui lui donne un sympathique côté James Bond. Jusque dans le générique final, la mise en scène s'épanouit avec beaucoup de style sur cette toile de fond vintage, distribuant son lot de split-screens et de scènes d'action hautement improbables.

Le résultat est d'autant plus plaisant que le film n'est en rien dévoré par ses effets spéciaux, prenant le temps d'esquisser la psychologie et les motivations profondes de chaque personnage. Et si les variations autour du thème "être mutant, c'est pas tous les jours facile" sont plutôt attendues, il n'en reste pas moins qu'elles sont plutôt bien amenées et jamais simplificatrices. L'air de rien, X-Men : Le Commencement véhicule un certain nombre de réflexions pas inintéressantes sur les clivages que peuvent engendrer les différences.

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mercredi 8 juin 2011

La Conquête


Dans la série "les films que je vais voir bien après leur sortie"...

On n'a pas vraiment l'habitude de voir nos réalisateurs s'attaquer à l'Histoire récente de la France. Un film sur l'ascension vers le pouvoir de Nicolas Sarkozy, cela a donc, indéniablement, quelque chose d'assez excitant. Lancé dans le grand bain lors du festival de Cannes, ce très attendu long-métrage a toutefois reçu un accueil plutôt mitigé de la part de la critique.

C'est vrai, on peut reprocher à la Conquête son caractère trop illustratif, sa réalisation faiblarde et son manque d'imagination dans la mise en scène de la rupture du couple présidentiel. En s'attachant à reconstituer les épisodes connus de la campagne de 2007, le film en oublie d'avoir une ambition autre que purement factuelle. Pas très convaincante dans ce registre de film "sérieux", cette tentative l'est beaucoup plus quand elle s'embarque vers celui de la comédie.

Car La Conquête est avant tout une grande farce dans le petit théâtre de la politique. En enchaînant coups bas, petites phrases assassines et machinations de couloir, les différents protagonistes apparaissent bien plus préoccupés par la mise à mort politique de leurs rivaux que par le destin de la France. Autant prendre le parti d'en rire et de ce point de vue, les relations du trio Sarkozy-Chirac-Villepin ne manquent vraiment pas de saveur, bien servis en cela par les dialogues acérés et fielleux à souhait de Patrick Rotman.

On ne peut enfin décemment pas écrire sur ce film sans évoquer l'incroyable prestation de Denis Podalydès, qui campe un Nicolas Sarkozy plus vrai que nature. De manière plus générale, l'ensemble des acteurs semble s'être beaucoup amusé. Un entrain globalement communicatif : si nous ne tenons pas encore un grand film sur la politique, la Conquête parvient largement à distraire par ses vertus satiriques.

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dimanche 5 juin 2011

La Défense Lincoln


Avocat à Los Angeles, Michael Haller n'hésite jamais à jouer de la ruse pour parvenir à ses fins. Travaillant ses dossiers à l'arrière d'une Lincoln Continental, il vit essentiellement de la défense de petits délinquants. Jusqu'au jour où il se voit confier la défense d'un riche playboy de Beverly Hills accusé d'agression sexuelle...

On a beau en connaître parfaitement les mécanismes, le thriller judiciaire est un genre que l'on retrouve toujours avec plaisir. Voir des personnages se battre à coup d'obscurs articles de loi et d'"Objection, Votre Honneur !", cela a tout de même quelque chose d'assez jubilatoire.

Issu d'une adaptation d'un roman de Michael Connelly, la Défense Lincoln ne décevra pas les amateurs. S'il ne renouvelle pas le genre en profondeur, le scénario s'avère rythmé et bien construit. L'intrigue est largement pimentée par les nombreuses magouille de prétoire dont elle est parsemée : la manipulation est ici une arme de premier choix que les différents protagonistes, de l'accusé au procureur, utilisent abondamment pour parvenir à leurs fins.

Mais les qualités de cette Défense Lincoln ne s'arrêtent pas à sa trame narrative. De sa photo soignée au groove imparable de sa bande-son, ce film fait preuve d'un souci du détail qui lui donne un charme irrésistible. Et puis il y a ce héros, charismatique car roublard et plein d'ambiguïté : s'il est rongé par l'idée de ne pas avoir réussi à reconnaître un client innocent, sa pratique quotidienne du métier ne témoigne pas toujours d'une moralité aussi intransigeante. Mathew Mc Conaughey, qu'on n'attendait pas à pareille fête, sort d'ailleurs largement grandi de ce rôle. A quand la suite ?

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jeudi 2 juin 2011

Le Gamin au Vélo


Placé dans un foyer pour enfants, Cyril est obsédé par l'idée de retrouver son père parti sans laisser de traces. Samantha, une coiffeuse rencontrée par hasard, va se prendre d'affection pour lui et accepter de l'accueillir chez elle.

Si ce Gamin au Vélo n'aura pas permis aux frères Dardenne de rafler leur troisième Palme d'or, il n'aura pas laissé insensible le jury cannois qui lui a accordé le Grand prix. Une récompense qui peut laisser perplexe...

Quand on va voir un film des frères Dardenne, on sait grosso modo à quoi s'attendre : du cinéma social, réaliste et à la mise en scène épurée. Ce Gamin au Vélo, de ce point de vue, semble en parfaite cohérence avec la filmographie des réalisateurs belges. A ceci près qu'il est truffé d'invraisemblances, à commencer par celle sur laquelle tout le film repose : mais pourquoi le personnage de Cécile de France s'attache-t-elle à ce gamin tête à claques à qui elle ne doit rien, allant jusqu'à mettre de côté sa vie sentimentale ? Que l'Homme soit capable d'actes d'amour désintéressés, pourquoi pas... mais dans ce cas précis, on n'y croit pas une seconde

On aurait, à la rigueur, pu accepter ce postulat s'il se dégageait une quelconque émotion de ce film. Mais à trop jouer la carte du minimalisme, les frères Dardenne finissent par ne susciter que de l'indifférence. Il y a pourtant dans ce sujet un beau territoire d'expression pour la beauté du non-dit, qui affleure parfois au détour de trop rares scènes. Mais ces promesses s'envolent bien vite par la faute de dialogues d'une grande pauvreté. Reste pour sortir de son ennui la découverte du jeune Thomas Doret, qui, du haut de ses quatorze ans, délivre une composition saisissante.

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