dimanche 2 mai 2010

Kick-Ass


Dave Lizewski, adolescent geek fan de comics, se met en tête de devenir un super-héros. C'est ainsi que revêtu d'un costume de plongée, il tente de rétablir la justice sous le nom de Kick-Ass. Une plaisanterie qui va le mener un peu plus loin qu'il ne l'imaginait.

De cette histoire de geek qui se rêve en justicier masqué, on pouvait attendre une comédie déjantée et inattendue. De ce côté-là, la première partie ne déçoit vraiment pas : s'il ne se prive pas pour recycler les vannes habituelles du teen movie, Kick-Ass sait aussi être original lorsqu'il joue sur le décalage entre le fantasme du super-héros et la dure réalité. Cette première demie-heure est ainsi très convaincante, car drôle et enlevée.

Le film prend toutefois une toute autre dimension quand il s'engage dans une voie plus sombre, voire complètement perverse. Car en affichant progressivement son ultra-violence de manière complètement gratuite, il devient très clair que Kick-Ass ne s'embarrasse d'aucune forme de morale. Le personnage de Hit Girl, fille de 11 ans conditionnée par son père pour devenir une véritable machine à tuer, est à lui seul assez représentatif. Derrière ses allures de comédie barrée, Kick-Ass est en fait une œuvre souvent glaçante, où le rire peut dissimuler un malaise assez inconfortable.

De cette amoralité, Kick-Ass tire une incroyable force de frappe. Pris au beau milieu de cette surenchère de violence, le spectateur est renvoyé à sa propre réflexion. Toute l'intelligence de Kick-Ass est alors de ne jamais suggérer de niveau de lecture en allant au bout de son idée. On peut donc y voir une dénonciation de la violence érigée en spectacle racoleur (notre héros devient célèbre grâce à une vidéo de baston diffusée sur Youtube), comme on peut aussi prendre plaisir à se laisser porter par ce déferlement d'action, certes bourrine, mais tellement bien réalisée qu'elle en est absolument jouissive.

Il est, à ce sujet, remarquable de voir à quel point Matthew Vaughn a su capter et synthétiser tout ce que la culture geek et populaire a pu nous offrir de meilleur. Kick-Ass, dans sa réalisation, fait ouvertement référence à Matrix et Kill Bill, et se réapproprie avec brio un concept de jeu vidéo, en filmant une scène à la manière d'un first person shooter. La BO est quant à elle toute aussi réussie, en ayant le bon goût de citer The Prodigy, Ennio Morricone ou Gnarls Barkley.

Inutile de s'attarder plus longtemps, Kick-Ass est de ces films que l'on prendra un pied monstrueux à voir et à revoir. Parce qu'il assume son extrême violence, parce qu'il est drôle et délirant, parce que ses choix de mise en scène sont un vrai régal cinématographique. Mais surtout parce que sa profondeur de lecture est bien plus grande qu'elle n'y paraît.

Verdict :

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