dimanche 24 avril 2011

Detective Dee


En bref…

En Chine, au 7ème siècle, celle qui se prépare à devenir impératrice décide de sortir le perspicace détective Dee de sa prison pour élucider une mystérieuse affaire de combustion spontanée. Le tout sur fond de complot et de construction de bouddha géant.

Sur le papier, ce polar sino-médiéval réalisé par Tsui Hark et chorégraphié par Yuen Woo-Ping (Tigre et Dragon, Matrix…) était plutôt appétissant. Hélas le film pâtit d’un scénario enchaînant trop mécaniquement phases d’enquête et scènes de combat et d’une réalisation pas toujours inspirée, posant parfois de vrais problèmes de lisibilité de l’action. A cela vient s’ajouter une musique un peu agaçante à force d’être omniprésente et des effets spéciaux techniquement à la ramasse.

Pour des combats de sabre aux chorégraphies improbables, préférez donc revoir Tigre et Dragon : le film d’Ang Lee est bien plus agréable que ce Detective Dee qui tente de jouer dans la cour du cinéma hollywoodien sans jamais y parvenir.


Verdict :

dimanche 10 avril 2011

We Want Sex Equality


Dans la série "les films que je vais voir bien après leur sortie"...

En 1968, un groupe d'ouvrières de l'usine Ford de Dagenham , en Angleterre, décide de se mettre en grève afin de réclamer l'égalité des salaires. Leurs revendications ne sont pas prises très au sérieux, jusqu'au jour où l'usine se retrouve totalement bloquée.

Les Anglais ont décidément un indéniable savoir-faire en matière de comédie sociale. En voici une déclinaison féministe colorée et pleine d'énergie, portée par l'excellente prestation de Sally Hawkins. Sans excès de didactisme, le scénario montre bien à quel point l'enjeu de ce conflit social va bien au-delà d'une simple revendication salariale : c'est la société toute entière qui est bousculée quand est remise en question le peu de considération qu'elle porte aux femmes.

Bien qu'il soit encombré d'une multitude de sous-intrigues qui tendent à nuire à son rythme, We Want Sex Equality sait jouer à merveille de la sympathie qu'il suscite au premier abord. Un film drôle et rafraichissant, traversé de part en part d'un optimisme contagieux.

Verdict :

dimanche 3 avril 2011

Sucker Punch


Après avoir tué accidentellement sa petite sœur, la jeune Babydoll se retrouve internée de force par son beau-père. Dotée d'une imagination débordante, Babydoll trouve dans son esprit un moyen d'échapper à la triste réalité de l'asile dont elle est prisonnière.

Si Zack Snyder (Watchmen, 300, Le Royaume de Ga'Hoole) n'a plus à prouver sa capacité à donner à ses films d'inimitables qualités esthétiques, il a jusqu'à présent toujours pu s'appuyer sur un matériau préexistant pour imprimer son empreinte. Sucker Punch est cette fois une œuvre "autonome", réalisée et scénarisée par Snyder himself, et l'on peut donc en déduire qu'il s'agit là de son film le plus personnel.

Mais paradoxalement, on peut dire de Sucker Punch qu'il est un film très référencé, sorte de synthèse entre Shutter Island, Scott Pilgrim et Inception. A la manière de ce dernier, il empile les strates de récit - non pas dans les rêves, mais dans l'imagination de son héroïne - pour situer l'action dans une pluralité d'univers.

Un prétexte idéal pour livrer un incroyable et extraordinaire spectacle de sons et lumières, qui devrait fixer un nouveau standard de qualité en matière d'effets numériques. Empruntant bien plus à la grammaire du jeu vidéo (briefings, boss, items à récupérer) qu'à celle du cinéma, Zack Snyder n'hésite pas à nous emmener d'un dojo où l'héroïne doit vaincre d'impressionnants robots-samouraïs à un champ de batailles de la deuxième guerre mondiale où les personnages devront décimer une armée de zombies nazis. Totalement décomplexé, le film n'en est que plus jouissif, assumant totalement de procurer au spectateur un plaisir simple et immédiat : celui de voir des filles sexy s'adonner à des gunfights ultra-bourrins dans une multiplicité de mondes vidéo-ludiques. Avec en prime une BO recélant d'authentiques bijoux, à commencer par la superbe reprise de Sweet Dreams par Emily Browning.

Faut-il pour autant réduire ce film à à un simple fantasme de gamer doublé d'une impressionnante démonstration technique ? Sucker Punch est bien plus que cela. Si dans Inception, le rêve est le vecteur permettant au héros de parvenir à un but final, l'imagination est dans Sucker Punch le seul moyen de fuir une terrible réalité. Dans une sublime scène d'ouverture, Zack Snyder, en plus de faire la preuve de réelles qualités de metteur en scène, donne à son film une tonalité résolument désespérée. Le contraste entre cette noire réalité et les scènes débridées issues de l'imagination de Babydoll donne au film une certaine étrangeté, et surtout une puissance poétique d'autant plus forte qu'elle est totalement inattendue.

Verdict :