mercredi 31 mars 2010

Tout ce qui Brille


Ely et Lila sont les deux meilleures copines de Puteaux. Leur amitié va être mise à rude épreuve lorsqu'elles vont découvrir le monde des nuits parisiennes.

Avec ses dialogues certifiés d'origine banlieusarde, Tout ce qui Brille veut de toute évidence s'imposer comme un film de tchatche. Sauf qu'il ne suffit pas de commencer toutes les phrases par "vas-y" (comptez-les, c'est amusant) et d'enchaîner des mots en verlan pour être drôle. Le résultat est tellement caricatural qu'il en est pathétique, les deux actrices principales n'étant pas d'un grand secours tant elles en font trop.

Pour le reste, ce n'est pas beaucoup plus intéressant. Tout ce qui Brille n'a rien à raconter si ce n'est une histoire de copines qui se traîne une heure et demie durant, et qui ne nous épargne aucune facilité. Le tout filmé de manière tellement moche que c'en est une véritable prouesse.

La demie-étoile est pour Audrey Lamy, qui vole la vedette à tout le monde en l'espace de quelques scènes : c'est sans conteste la véritable bombe comique de ce film.

Verdict :

dimanche 28 mars 2010

Alice au Pays des Merveilles


Promise à un lord anglais qui ne l'intéresse guère, Alice se retrouve propulsée au Pays des Merveilles le jour de ses fiançailles. D'étranges personnages voient en elle une sorte d'élue censée les délivrer du règne de l'infâme Reine Rouge.

Tout au long de sa carrière cinématographique, Tim Burton a dépeint dans ses films un univers visuel fascinant. Du gothique Sleepy Hollow à l'excentrique Charlie et la Chocolaterie, l'esthétisme onirique du cinéaste américain n'a cessé de s'affirmer, renforçant l'inimitable identité de son œuvre. Le voir s'approprier l'univers de Lewis Carroll, tout aussi étrange et dérangeant, était donc presque naturel.

Visuellement, cette adaptation est tout simplement époustouflante. Qu'il s'agisse de forêts inquiétantes ou de terres dévastées, Tim Burton trouve dans le Pays des Merveilles un terrain d'expression à la démesure de son imagination. C'est absolument somptueux, avec toujours ce souci du détail qui rendrait ce monde de rêve presque réel.

Malheureusement, le scénario est très loin d'être à la hauteur de la performance graphique. La quête initiatique d'Alice se fait désespérément linéaire, privant le film de toute intensité. On passe inlassablement d'une péripétie à une autre, sans qu'à aucun moment l'enjeu dramatique n'éveille une réelle émotion. Ce long-métrage est donc parfaitement lisse, et en tout cas clairement plus disneyen que burtonien.

La partition de Danny Elfman et la qualité générale de l'interprétation (impeccable Mia Wasikowska) rattrapent quand même le tout, permettant à cet Alice au Pays des Merveilles de se maintenir à un niveau honorable. Et lorsque les lumières se rallument, c'est tout de même avec regret que l'on quitte l'Underland. Tim Burton a su capter comme nul autre le merveilleux et la douce folie de cet univers... et c'est déjà beaucoup.

Verdict :

dimanche 21 mars 2010

L'Arnacœur


Alex Lippi est briseur de couple professionnel. Aucune idylle ne lui a jamais résisté, mais son affaire est pourtant au bord de la faillite. C'est ainsi qu'Alex et son équipe sont un jour contraints d'accepter une mission impossible : faire annuler le mariage de la richissime Juliette Van Der Beck, éperdument amoureuse de l'homme qu'elle doit épouser dans dix jours.

Malgré une idée de départ novatrice et intéressante, ce n'est pas vraiment du côté du scénario qu'il faudra chercher les bonnes surprises de cet Arnacœur. On sait d'avance d'où on part (à savoir un homme et une femme que tout éloigne en apparence), et on sait plus encore où on arrive (ces deux-là vont finir ensemble juste avant la générique de fin). Mais si la recette est déjà bien connue, les ingrédients sont en revanche beaucoup plus surprenants.

A commencer par la qualité de l'interprétation, et plus particulièrement de la superbe performance de Romain Duris et Vanessa Paradis. C'est très simple, ces deux-là forment un couple de cinéma absolu, glamour et magnétique, dont l'éblouissante complicité ne cesse d'irradier à l'écran. Le duo fonctionne tellement bien qu'on en oublierait presque les compositions tout aussi remarquables de Julie Ferrier et François Damiens, seconds rôles essentiels dans la mécanique comique du film.

Pascal Chaumeil fait par ailleurs preuve d'un sens du rythme aussi imparable que salutaire. Aussi à l'aise dans le burlesque que dans le registre intimiste, le film file à toute vitesse sans jamais susciter le moindre ennui. Le tout sur un fond musical tout en légèreté, la B.O. ne se privant pas de quelques sympathiques clins d'œil aux années 80. L'Arnacœur nous donne donc tout ce que l'on peut espérer d'une bonne comédie romantique : des éclats de rire, des instants d'émotion et des comédiens qui s'en donnent à cœur joie. Tout cela n'est peut-être pas très subversif, mais l'énergie qui se dégage ce film est finalement très communicative.

Verdict :

samedi 6 mars 2010

The Ghost Writer


Lorsque l'on propose à un nègre littéraire de rédiger les mémoires du premier ministre britannique Adam Lang, celui-ci ne peut refuser, surtout avec un gros chèque à la clé. Mais ce que le héros ne sait pas au moment d'accepter cette offre, c'est que la mort de son prédécesseur n'est peut-être pas si accidentelle qu'elle n'y paraît.

Quand il ne fait pas la une des journaux pour une sombre histoire de mœurs, Roman Polanski fait aussi des films. Un nouvel exemple avec ce thriller politique inspiré d'un roman de Robert Harris, mettant en scène la connivence du gouvernement britannique et de la CIA.

Scénario à rebondissements, tension psychologique permanente, ambiance claustrophobe et paranoïaque, les ingrédients d'un bon film du genre sont bien là. Polanski y ajoute une grande maîtrise formelle : que ce soit dans une maison high tech ou sur une île au milieu de nulle part, il fait ici la preuve éclatante d'un sens du cadre particulièrement aiguisé.

Sauf qu'au bout du compte, on peine à réellement se laisser prendre au jeu. La faute à un rythme trop lent pour ne pas susciter ponctuellement l'ennui, à une histoire truffée d'invraisemblances (vous apprendrez ainsi que l'on peut trouver des informations secret défense grâce à quelques mots-clés sur Google), et à un héros beaucoup trop naïf pour être charismatique. L'impression globale pendant les deux heures de The Ghost Writer est finalement assez étrange : on passe son temps à être partagé entre l'admiration pour la forme (chaque plan a été pensé avec une impressionnante précision) et l'indifférence pour le fond.

Evidemment, on pourra toujours s'amuser des parallèles entre fiction et réalité. Oui, Adam Lang fait furieusement penser à Tony Blair, oui, son jeu de cache-cache avec la Cour pénale internationale rappelle les déboires de Polanski avec la justice américaine. Mais à trop suggérer sa profondeur de lecture, The Ghost Writer en oublie d'être, au premier degré, un thriller efficace et prenant.

Verdict :