dimanche 30 janvier 2011

samedi 29 janvier 2011

Rubber


Dans la série "les films que je vais voir bien après leur sortie"...

Au beau milieu d'un désert américain, une poignée de spectateurs se voient distribuer des paires de jumelles pour observer l'histoire d'un pneu doté de pouvoirs de télékinésie et animé de terribles pulsions mortelles.

No sense. Au terme d'un inoubliable monologue d'ouverture, les règles du jeu sont posées : Rubber ne trouve qu'en lui-même sa raison d'exister. Ce jeu de mise en abîmes sur laquelle il repose a-t-il une portée théorique ? No sense. La démarche est totalement gratuite, mais vrai dire, on s'en fout un peu.

Rubber est un avant tout un OFNI jubilatoire, échappé d'un no man's land entre série Z et parodie. Au-delà du plaisir de se laisser prendre au jeu d'un pitch aussi dingue, ce deuxième film de Quentin Dupieux (alias Mr Oizo) convainc par sa capacité à ne jamais se prendre au sérieux, organisant un crescendo dans l'absurde jusqu'à sa mémorable scène finale.

Enfin, et ce n'est pas la moindre de ses qualités, Rubber bénéficie d'une réalisation exemplaire. Entièrement tourné avec un appareil photo numérique, ce film se caractérise par d'extraordinaires qualités esthétiques. Avec une bande-son signée Mr Oizo et Gaspard Augé (moitié de Justice), Rubber a de sérieuses chances d'accéder au statut de film-culte.

Verdict :

lundi 24 janvier 2011

Poupoupidou


Ecrivain en mal d'inspiration, David Rousseau se retrouve au fin fond du Jura pour une vague histoire d'héritage. Le jour de son arrivée, on retrouve en zone interfrontalière le cadavre de Candice Lecœur, une petite star locale. Pour la police, le suicide ne fait aucun doute. David Rousseau n'y croit pas et décide de mener l'enquête.

Un écrivain désabusé enquête à Mouthe, ville la plus froide de France, sur la mort d'une Marilyn française égérie d'une marque de fromage. Voilà un pitch des plus étranges : Gérald Hustache-Mathieu joue clairement, avec ce deuxième long-métrage, la carte du décalage, comme une référence à peine voilée au cinéma de David Lynch.

Une singularité qui ne se dément jamais, jusqu'au mélange des genres qui caractérise Poupoupidou. Car s'il est d'abord un polar bien ficelé, il se permet aussi d'incessantes incursions dans le registre du drame (la destinée tragique de Candice) ou de la comédie (Jean-Paul Rouve trouve ici un terrain de jeu idéal). Ce refus de se livrer à la réalisation d'un film de genre aurait pu accoucher d'un objet bancal ; on assiste en fait à un remarquable numéro d'équilibriste qui réussit à la fois à passionner, à faire rire et à émouvoir.

Le film atteint même un sommet de poésie dans sa manière de décrire la réalisation entre l'écrivain et la victime, très touchante alors que ces personnages ne se rencontreront jamais. David Rousseau et Candice Lecoeur, c'est l'histoire d'un amour fantasmé entre deux solitudes qui, par la force des choses, ne pourra rester que le fruit de l'imaginaire. La réalisation sait transcrire à merveille la délicatesse de ce scénario, sans jamais renier les autres dimensions du film.

Saluons enfin la prestation de Sophie Quinton, littéralement éblouissante : elle est un véritable rayon de soleil dans ce film - pourtant très enneigé - qui constitue la très bonne surprise de ce début d'année.

Verdict :

mercredi 12 janvier 2011

Amore


Dans la série "les films que je vais voir bien après leur sortie"...

A Milan, les Recchi ont fait fortune dans l'industrie textile. Emma est la femme de Tancredi, choisi par son père pour reprendre les rênes de l'usine familiale. Sa rencontre avec Antonio, cuisinier surdoué et meilleur ami de son fils, bouleverse sa vie.

Amore observe avec beaucoup de finesse l'évolution de cette famille bourgeoise, en ne manquant jamais une occasion de souligner ses non-dits, ses petites fêlures et ses inamovibles conventions. Celles-ci vont évidemment être bousculées par les élans d'Emma (Tilda Swinton, touchante), pour qui ce choc amoureux va être une véritable renaissance. Cette histoire est filmée avec beaucoup d'élégance, et si l'ensemble manque un peu de passion, la réalisation de Luca Guadagnino force l'admiration par son implication de tous les instants.

Verdict :