dimanche 28 août 2011

Les Bien-Aimés


En bref...

Les vies de Madeleine et de sa fille, Vera, sont traversées par le tourment amoureux. Telle mère, telle fille. Mais du Paris des années 60 au Londres des années 2000, leurs passions ne sont pas vécues de la même manière...

Christophe Honoré nous propose avec Les Bien-Aimés un mélodrame musical sur l'inépuisable thème de l'amour. Parce qu'il suit les tribulations sentimentales de ses deux héroïnes au fil des époques, celui-ci se distingue par sa dimension romanesque. Avec l'idée que les lumineuses sixties étaient plus propices à l’insouciance amoureuse que notre grisâtre nouveau siècle...

Si l'ensemble est plutôt appliqué, le récit - bien trop long - manque globalement de souffle et ne parvient que trop tardivement à susciter l'émotion. On suit malgré tout Les Bien-Aimés avec plaisir. Très réussies, les compositions d'Alex Beaupain font des passages chantés de vrais petits moments de grâce. Et le duo Catherine Deneuve / Chiara Mastroianni tient toutes ses promesses...

Verdict :

vendredi 26 août 2011

La Piel que Habito


Depuis la mort de son épouse, brûlée vive dans un accident, le docteur Robert Ledgard travaille à la création d'une peau susceptible de résister aux agressions allant de la brûlure à la piqûre de moustique. Dénué de moralité, il utilise une femme comme cobaye.

Spécialiste du mélodrame, Pedro Almodovar tente avec La Piel que Habito une incursion inattendue dans le thriller. Le réalisateur espagnol y revisite le mythe de Frankestein dans une déclinaison perverse et claustrophobe : bien que l'obsession du docteur Ledgard le pousse à sans cesse améliorer ses méticuleuses recherches sur une femme condamnée à l'enfermement, ses relations avec cette dernière sont aussi teintées d'un érotisme vénéneux.

De là à ce que l'auteur convoque ses thèmes habituels (identité sexuelle, filiation), il n'y a qu'un pas qui est aisément franchi. Le film est certes habité par une tension glacée, physique et sexuelle. Mais lorsque que les liens entre les personnages se dévoilent au fil d'une narration kaléidoscopique, c'est tout un monde de passions familiales attisées par le secret qui prend forme. Comme toujours chez Almodovar, c'est incroyablement tordu voire même too much dans l'empilement des rebondissements.

Mais la caméra du réalisateur espagnol semble ne s'être jamais aussi bien exprimée que sur ce tissu fait d'apparentes contradictions, finalement conciliées à merveille. Précise ou baroque, clinique ou passionnée, la mise en scène s'adapte à chaque phase du récit sans jamais perdre de son unité. La bizarrerie de La Piel que Habito finit ainsi par en devenir sa force première : un film à part, donc, mais plutôt pour de bonnes raisons.

Verdict :

mardi 23 août 2011

Mes Meilleures Amies


En bref...

Ce serait faire trop d'honneur au machin creux et vulgaire qu'est Mes Meilleures Amies que de prendre la peine d'expliquer en détails pourquoi c'est une daube infâme. De toute façon, j'ai déjà assez perdu de mon temps à subir cette purge (une heure tout de même, j'ai craqué à mi-parcours).

Aussi je me contenterai pour une fois de citer un film qui, lui au moins, avait le mérite d'être drôle : "Madame, je n'écrirai rien sur ce film, c'est une merde".

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dimanche 14 août 2011

La Planète des Singes : les origines


Chercheur dans un laboratoire, Will Rodman pense avoir trouvé, après avoir obtenu des résultats sur des chimpanzés, le remède contre la maladie d'Alzheimer. Mais un mauvais concours de circonstances va conduire sa hiérarchie à abandonner le projet. Après cet incident, Will se retrouve à adopter la progéniture d'une femelle sur qui a été testé le sérum.

Un prequel à La Planète des Singes qui sort en pleine saison des blockbusters estivaux, on peut a priori penser qu'il y a dans la démarche une bonne dose d'opportunisme commercial. Pourtant, ce film est en bonne place pour rester comme la très bonne surprise de cet été.

Ce n'est pas que ce long métrage sorte des sentiers balisés du divertissement hollywoodien. Avec son héros pas très charismatique à force d'être sympa et ses grosses ficelles qu'on voit arriver à des kilomètres (le singe qui arrange le coup avec la jolie brune !), l'orbite de cette Planète des Singes ne s'écarte pour ainsi dire jamais d'une trajectoire lui permettant de plaire au plus grand nombre.

Pour autant, cette réalisation a de sérieux arguments à faire valoir. Car si les moyens pour le dire sont un peu convenus, le fond du propos est des plus captivants. Véritable point d'ancrage du film, César est un chimpanzé dont les capacités intellectuelles ne cessent de se développer. Mais ce qui est au départ une faculté prodigieuse devient progressivement un lourd fardeau : tiraillé entre sa condition de primate et son intelligence quasi-humaine, César accepte de moins en moins son statut d'animal domestique. Pleinement conscient du potentiel tragique de ce personnage, le scénario prend le temps de raconter la lente ascension de son sentiment de colère et de révolte. L'empathie fonctionne à plein, et le film parvient à donner une âme à ce qui n'est pourtant qu'une pure création en images de synthèse.

Essentiellement concentrées dans la dernière demie-heure, les scènes d'action ne sont pas en reste et sont l'occasion pour Rupert Wyatt de faire la preuve d'un réel savoir-faire. Particulièrement à l'aise quand il s'agit de filmer les numéros de voltige des singes, le réalisateur sait aussi distiller ça et là de très belles idées de mise en scène. La cerise sur le gâteau pour ce film aussi marquant qu'inattendu.

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vendredi 12 août 2011

Melancholia


Pour fêter le mariage de sa sœur Justine, Claire a organisé chez elle une somptueuse réception. Alors que la fête connaît quelques heurts, la planète Melancholia se dirige sur la Terre.

Et vous, que feriez-vous si la fin du monde était pour demain ? On s'est tous un jour posé cette question, pour finalement admettre sa futilité tant son postulat paraît absurde. C'est pourtant de cette idée qu'est parti Lars von Trier pour ce nouveau long métrage : Melancholia arrive droit sur nous et de notre belle planète, il ne restera que poussière.

Passée une longue séquence introductive où s'enchaînent de superbes et prémonitoires ralentis, le film est construit de manière symétrique, chaque partie s'attachant à montrer les fragilités de chacune des deux sœurs. La première, consacrée à Justine (Kirsten Dunst), la montre d'abord radieuse pour ce qui doit être le plus beau jour de sa vie. Mais d'un simple détail - une limousine incapable de négocier un virage - on comprend que rien ne se déroulera comme prévu. Les tensions personnelles vont éclater au grand jour, et l'on découvre progressivement une mariée totalement perdue, incapable d'enfiler les habits de cette vie heureuse qu'on voudrait lui faire porter. Un jeu de massacre que Von Trier observe avec un certain amusement, posant un regard presque bienveillant sur une héroïne dont les agissements ne sont jamais que l'expression d'un mal-être abyssal.

La deuxième partie s'attarde ensuite sur Claire (Charlotte Gainsbourg), qui nous a été présentée jusqu'alors comme raisonnable, équilibrée et terre-à-terre. Elle a recueilli chez elle Justine, en profond état de dépression, et déploie des trésors de patience pour l'aider à remonter la pente. Mais l'ordre des choses est bouleversé lorsque l'Apocalypse se fait imminent. Tandis que Justine accueille avec sérénité l'idée de cette fin absolue, Claire tend à perdre ses moyens, ne sachant comment agir sous l'effet d'une panique qui semble bien dérisoire. Où l'on découvre que les plus courageux ne sont pas forcément ceux que l'on croit...

Comme souvent chez Lars von Trier, c'est long : 2h10, c'est clairement trop pour ce que Melancholia veut nous dire. Mais il faut aussi reconnaître que le danois n'a rien perdu de son style. Si le genre humain est observé caméra au poing, dans un style quasi-documentaire largement inspiré du Dogme ; le réalisateur s'autorise également quelques images aux qualités plastiques somptueuses. Composées comme autant de tableaux, elles revêtent évidemment une forte portée symbolique.

On ne peut enfin passer sous silence le fait que Lars von Trier est inégalable quand il s'agit de tirer le meilleur de ses actrices : Kirsten Dunst (prix d'interprétation au festival de Cannes) et Charlotte Gainsbourg sont ici au sommet de leur art.

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dimanche 7 août 2011

Super 8


Ohio, été 1979. Alors qu'ils tournent un petit film en Super 8, un groupe d'adolescents est témoin d'un spectaculaire accident de train. Celui-ci est suivi de phénomènes inexplicables.

J. J. Abrams ne réinventera pas le divertissement hollywoodien avec Super 8. Et pour cause, cette réalisation se veut avant tout un hommage appuyé à la mythologie spielbergienne - le grand Steven a d'ailleurs contribué à la production - telle qu'elle a été popularisée par des films comme Rencontres du Troisième Type, E.T. ou Jurassic Park. On sait donc à peu près sur quoi on va tomber et on n'est, à vrai dire, pas vraiment déçu : tout est ici réuni pour flatter les penchants les plus vintage de notre cinéphilie. Le film joue d'ailleurs volontiers, mais sans lourdeur aucune, la carte de la nostalgie. On y redécouvre une Amérique encore triomphante où la jeunesse écoute le Heart of Glass de Blondie dans son walkman et fredonne à tue-tête My Sharona.

Par les thèmes dont il est traversé (notamment celui de l'enfance blessée), Super 8 ne dépareillerait donc pas dans la filmographie de Steven Spielberg. Mais Abrams a su se réapproprier l'univers de son maître sans pour autant le dénaturer. On le sent ainsi très à l'aise dans sa réalisation, usant du lens flare et du hors-champ comme éléments fondamentaux de sa mise en scène. Surtout, il n'hésite pas à donner à son film une ambiance bien plus intimiste qu'attendue. Car la beauté de Super 8 ne réside pas tant dans sa trame principale, dont la fin est d'ailleurs bien vite expédiée, que dans la manière dont il dépeint les espoirs et les douleurs de ses personnages.

Toute la réussite de cette réalisation est là : donner une âme à ce groupe d'ados, finalement bien plus intéressant qu'un alien réduit à son expression la plus fonctionnelle. Il y a, évidemment, la question du deuil du personnage principal, sur lequel s'ouvre et se referme le film. Mais Super 8 n'est peut-être jamais aussi réussi que lorsqu'il montre l'énergie et la conviction que ces jeunes mettent à la réalisation de leur projet cinématographique. Il y a là, sans aucun doute, une part de vécu qui donne à chacune de ces scènes d'incontestables accents de sincérité. A ce propos, ne partez surtout pas pour le générique de fin...

Verdict :