vendredi 26 août 2011

La Piel que Habito


Depuis la mort de son épouse, brûlée vive dans un accident, le docteur Robert Ledgard travaille à la création d'une peau susceptible de résister aux agressions allant de la brûlure à la piqûre de moustique. Dénué de moralité, il utilise une femme comme cobaye.

Spécialiste du mélodrame, Pedro Almodovar tente avec La Piel que Habito une incursion inattendue dans le thriller. Le réalisateur espagnol y revisite le mythe de Frankestein dans une déclinaison perverse et claustrophobe : bien que l'obsession du docteur Ledgard le pousse à sans cesse améliorer ses méticuleuses recherches sur une femme condamnée à l'enfermement, ses relations avec cette dernière sont aussi teintées d'un érotisme vénéneux.

De là à ce que l'auteur convoque ses thèmes habituels (identité sexuelle, filiation), il n'y a qu'un pas qui est aisément franchi. Le film est certes habité par une tension glacée, physique et sexuelle. Mais lorsque que les liens entre les personnages se dévoilent au fil d'une narration kaléidoscopique, c'est tout un monde de passions familiales attisées par le secret qui prend forme. Comme toujours chez Almodovar, c'est incroyablement tordu voire même too much dans l'empilement des rebondissements.

Mais la caméra du réalisateur espagnol semble ne s'être jamais aussi bien exprimée que sur ce tissu fait d'apparentes contradictions, finalement conciliées à merveille. Précise ou baroque, clinique ou passionnée, la mise en scène s'adapte à chaque phase du récit sans jamais perdre de son unité. La bizarrerie de La Piel que Habito finit ainsi par en devenir sa force première : un film à part, donc, mais plutôt pour de bonnes raisons.

Verdict :

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire