dimanche 27 novembre 2011

L'art d'aimer


En bref...

Au fil d'une série de sketchs, Emmanuel Mouret orchestre des variations autour de l'amour et du désir. L'ensemble est, forcément, un peu inégal. Mais la légèreté de son humour et la qualité de ses dialogues confèrent à ce film un certain capital-sympathie. Mention spéciale à Frédérique Bel, irréssistible dans son rôle d'ingénue hésitante.

Verdict :

vendredi 25 novembre 2011

Time Out


En bref...

Dans un futur proche, la science est parvenue, par modification génétique, à stopper le vieillissement humain à 25 ans. Mais le temps a aussi remplacé l'argent : si les plus riches peuvent jouir de l'immortalité, la population la moins aisée doit, au quotidien, voler ou emprunter à des taux astronomiques les quelques minutes qui leur permettent de garder la vie.

Andrew Niccol tenait là une idée absolument géniale... dont il n'a visiblement pas trop su quoi faire. Plutôt faiblard, le scénario se retrouve bien vite à reproduire les schémas classiques du blockbuster hollywoodien. Time Out n'est, en fait, rien de plus qu'un thriller tout juste efficace et sans la moindre surprise : de la part du réalisateur de Bienvenue à Gattaca, la déception est inévitable.

Verdict :

dimanche 20 novembre 2011

Un Monstre à Paris


Dans la série "les films que je vais voir bien après leur sortie"...

En 1910, la maladresse de deux amis libère, dans un Paris inondé, une créature monstrueuse.

Réalisé par Eric "Bibo" Bergeron, ce film enchante dès les premières images par sa reconstitution de la capitale au début du siècle. On ne saurait en dire autant du scénario, plutôt paresseux et convenu : inutile de chercher ici un deuxième niveau de lecture, il n'y en a strictement pas.

On tient au final un film d'animation de bonne facture, mais qui, sans l'excellence de ses numéros musicaux (M et Vanessa Paradis en parfaite alchimie), serait très vite oublié. Les plus jeunes devraient tout de même y prendre beaucoup de plaisir.

Verdict :

Le Stratège


Alors que la saison 2002 se profile, Billy Beane, manager général de l'équipe de baseball des Oakland Athletics, doit composer avec le départ de ses meilleurs joueurs, attirés par des équipes plus fortunées. Sa rencontre avec Peter Brand, spécialiste des statistiques, va l'amener à employer de nouvelles méthodes de recrutement.

Malgré la présence de Brad Pitt dans le rôle principal, Le Stratège est sorti en France dans la plus grande discrétion. Il faut dire que le baseball n'est pas franchement ancré dans notre culture européenne... Il serait toutefois dommage de s'arrêter à ce premier constat : inspiré d'une histoire vraie, ce film a bien des atouts à faire valoir.

S'il reprend le schéma classique du film de sport, à savoir l'ascension d'une équipe partie de nulle part, Le Stratège présente la particularité de s'intéresser à l'action des coulisses plus qu'à celle du terrain. Recrutements, compositions d'équipe et tractations diverses sont ici des éléments-moteurs du scénario, et l'on découvre sans surprise que dans ce milieu plus que dans n'importe quel autre, l'argent dicte sa loi. Servie par l'élégante mise en scène de Bennett Miller, l'écriture d'Aaron Sorkin (The Social Network) rend cette histoire passionnante de bout en bout, tout en lui donnant une résonance très actuelle.

Déjà intéressant dans sa manière de filmer l'envers du décor, Le Stratège devient captivant quand il s'attache à montrer l'ambivalence de son personnage principal. Exerçant ses fonctions de manager avec passion et dévouement, Billy Beane est aussi capable de la plus pure indifférence quand il s'agit de virer sans ménagement un joueur pas assez performant. Brad Pitt excelle dans ce rôle de héros tout en fêlures et en contradictions, dont les motivations profondes sont directement liées à un échec personnel : celui de sa propre carrière de joueur. De quoi faire de ce Stratège un "petit" film à ne pas manquer...

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dimanche 13 novembre 2011

Contagion


En bref...

L'histoire de Contagion n'ayant aucun intérêt, je vais m'empresser de vous la rapporter ici (rassurez-vous, ça tient en deux lignes). Donc : un terrible virus se répand sur la planète, menaçant de faire des millions de mort, mais heureusement, un laboratoire trouve le vaccin. Voilà, voilà...

On se demande ce qui a poussé Steven Soderbergh à mettre en images un scénario aussi inexistant. Certes, Contagion se veut plus être un docu-fiction sur la menace pandémique qu'un film-catastrophe scénarisé... Il n'en est pas moins raté. Si l'atmosphère générale, anxiogène et paranoïaque, est assez marquante, on retiendra surtout de ce film son caractère confus et dispersé.

On décroche donc très rapidement, même si on peut toujours s'occuper avec un petit jeu amusant consistant à trouver l'utilité de Marion Cotillard dans ce bordel. Merci de me prévenir si vous trouvez la réponse.

Verdict :

vendredi 11 novembre 2011

Intouchables


Devenu tétraplégique suite à un accident de parapente, Philippe embauche comme à aide à domicile Driss, un jeune de banlieue.

S'il n'était pas basé sur une histoire vraie, on aurait volontiers reproché à Intouchables de jouer un peu abusivement la carte de la rencontre de deux êtres que tout oppose. L'un est tétraplégique, aristocrate et un peu taciturne ; l'autre est valide, vient d'un quartier défavorisé et manie la vanne comme personne. Les comédies françaises ont souvent utilisé ces tandems improbables, rares pourtant sont celles qui sont parvenues à un résultat aussi brillant.

Evidemment, Intouchables se nourrit en grande partie des clichés un peu démagogiques qu'on pouvait attendre de ce point de départ : entre Philippe, qu'un opéra de Wagner de quatre heures n'effraie pas, et Driss, dont les références sont plutôt à chercher du côté d'Earth, Wind & Fire, la collision est obligatoire. Mais le tandem Toledano/Nakache emploie ici une liberté de ton qui balaie nos a priori sans la moindre difficulté. A l'instar du "pas de bras, pas de chocolat" de la bande-annonce, ce film s'autorise un humour à l'audace peu commune dans notre paysage cinématographique. L'extraordinaire qualité des dialogues et l'énergie communicative d'Omar Sy font le reste : c'est vif, rythmé et surtout extrêmement drôle.

Au-delà de ces incontestables qualités comiques, Intouchables a également le mérite de ne jamais chercher à contourner son sujet : on y montre, sans complaisance, les difficultés très concrètes que peuvent poser la tétraplégie dans les actes les plus élémentaires de la vie quotidienne. Le film a toutefois la bonne idée de toujours tenir sa ligne enjouée et irrévérencieuse, ne versant jamais dans la débauche de bons sentiments. L'histoire d'amitié qui en résulte est simple et touchante, faisant d'Intouchables un mémorable "feel good movie".

A l'heure où ces lignes sont écrites, il est acquis qu'Intouchables est un véritable phénomène de société, qui devrait faire date dans l'histoire du cinéma français. C'est tout le mal qu'on pouvait lui souhaiter.

Verdict :

mercredi 9 novembre 2011

L'exercice de l'Etat


En bref...

On pouvait difficilement trouver titre plus pertinent. En suivant le personnage de Bertrand Saint-Jean, Pierre Schoeller nous propose de suivre le quotidien harassant et souvent ingrat d'un ministre des Transports. Loin de toute considération politicienne (on ne sait jamais si ce ministre est de droite ou de gauche), le réalisateur cherche avant tout à capter la dictature de l'urgence et l'omniscience de la communication qui caractérisent cette vie de dévouement à l'Etat.

Très instructif dans sa manière de décrire le fonctionnement d'un cabinet (Michel Blanc, très bon en directeur droit dans ses bottes), ce film est aussi la démonstration qu'exercer le pouvoir, c'est devoir, parfois, transiger avec ses propres convictions. "Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne", disait Chevènement. L'Exercice de l'Etat en est une belle illustration.

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