vendredi 12 août 2011

Melancholia


Pour fêter le mariage de sa sœur Justine, Claire a organisé chez elle une somptueuse réception. Alors que la fête connaît quelques heurts, la planète Melancholia se dirige sur la Terre.

Et vous, que feriez-vous si la fin du monde était pour demain ? On s'est tous un jour posé cette question, pour finalement admettre sa futilité tant son postulat paraît absurde. C'est pourtant de cette idée qu'est parti Lars von Trier pour ce nouveau long métrage : Melancholia arrive droit sur nous et de notre belle planète, il ne restera que poussière.

Passée une longue séquence introductive où s'enchaînent de superbes et prémonitoires ralentis, le film est construit de manière symétrique, chaque partie s'attachant à montrer les fragilités de chacune des deux sœurs. La première, consacrée à Justine (Kirsten Dunst), la montre d'abord radieuse pour ce qui doit être le plus beau jour de sa vie. Mais d'un simple détail - une limousine incapable de négocier un virage - on comprend que rien ne se déroulera comme prévu. Les tensions personnelles vont éclater au grand jour, et l'on découvre progressivement une mariée totalement perdue, incapable d'enfiler les habits de cette vie heureuse qu'on voudrait lui faire porter. Un jeu de massacre que Von Trier observe avec un certain amusement, posant un regard presque bienveillant sur une héroïne dont les agissements ne sont jamais que l'expression d'un mal-être abyssal.

La deuxième partie s'attarde ensuite sur Claire (Charlotte Gainsbourg), qui nous a été présentée jusqu'alors comme raisonnable, équilibrée et terre-à-terre. Elle a recueilli chez elle Justine, en profond état de dépression, et déploie des trésors de patience pour l'aider à remonter la pente. Mais l'ordre des choses est bouleversé lorsque l'Apocalypse se fait imminent. Tandis que Justine accueille avec sérénité l'idée de cette fin absolue, Claire tend à perdre ses moyens, ne sachant comment agir sous l'effet d'une panique qui semble bien dérisoire. Où l'on découvre que les plus courageux ne sont pas forcément ceux que l'on croit...

Comme souvent chez Lars von Trier, c'est long : 2h10, c'est clairement trop pour ce que Melancholia veut nous dire. Mais il faut aussi reconnaître que le danois n'a rien perdu de son style. Si le genre humain est observé caméra au poing, dans un style quasi-documentaire largement inspiré du Dogme ; le réalisateur s'autorise également quelques images aux qualités plastiques somptueuses. Composées comme autant de tableaux, elles revêtent évidemment une forte portée symbolique.

On ne peut enfin passer sous silence le fait que Lars von Trier est inégalable quand il s'agit de tirer le meilleur de ses actrices : Kirsten Dunst (prix d'interprétation au festival de Cannes) et Charlotte Gainsbourg sont ici au sommet de leur art.

Verdict :

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