dimanche 3 avril 2011

Sucker Punch


Après avoir tué accidentellement sa petite sœur, la jeune Babydoll se retrouve internée de force par son beau-père. Dotée d'une imagination débordante, Babydoll trouve dans son esprit un moyen d'échapper à la triste réalité de l'asile dont elle est prisonnière.

Si Zack Snyder (Watchmen, 300, Le Royaume de Ga'Hoole) n'a plus à prouver sa capacité à donner à ses films d'inimitables qualités esthétiques, il a jusqu'à présent toujours pu s'appuyer sur un matériau préexistant pour imprimer son empreinte. Sucker Punch est cette fois une œuvre "autonome", réalisée et scénarisée par Snyder himself, et l'on peut donc en déduire qu'il s'agit là de son film le plus personnel.

Mais paradoxalement, on peut dire de Sucker Punch qu'il est un film très référencé, sorte de synthèse entre Shutter Island, Scott Pilgrim et Inception. A la manière de ce dernier, il empile les strates de récit - non pas dans les rêves, mais dans l'imagination de son héroïne - pour situer l'action dans une pluralité d'univers.

Un prétexte idéal pour livrer un incroyable et extraordinaire spectacle de sons et lumières, qui devrait fixer un nouveau standard de qualité en matière d'effets numériques. Empruntant bien plus à la grammaire du jeu vidéo (briefings, boss, items à récupérer) qu'à celle du cinéma, Zack Snyder n'hésite pas à nous emmener d'un dojo où l'héroïne doit vaincre d'impressionnants robots-samouraïs à un champ de batailles de la deuxième guerre mondiale où les personnages devront décimer une armée de zombies nazis. Totalement décomplexé, le film n'en est que plus jouissif, assumant totalement de procurer au spectateur un plaisir simple et immédiat : celui de voir des filles sexy s'adonner à des gunfights ultra-bourrins dans une multiplicité de mondes vidéo-ludiques. Avec en prime une BO recélant d'authentiques bijoux, à commencer par la superbe reprise de Sweet Dreams par Emily Browning.

Faut-il pour autant réduire ce film à à un simple fantasme de gamer doublé d'une impressionnante démonstration technique ? Sucker Punch est bien plus que cela. Si dans Inception, le rêve est le vecteur permettant au héros de parvenir à un but final, l'imagination est dans Sucker Punch le seul moyen de fuir une terrible réalité. Dans une sublime scène d'ouverture, Zack Snyder, en plus de faire la preuve de réelles qualités de metteur en scène, donne à son film une tonalité résolument désespérée. Le contraste entre cette noire réalité et les scènes débridées issues de l'imagination de Babydoll donne au film une certaine étrangeté, et surtout une puissance poétique d'autant plus forte qu'elle est totalement inattendue.

Verdict :

6 commentaires:

  1. "celui de voir des filles sexy s'adonner à des gunfights ultra-bourrins dans une multiplicité de mondes vidéo-ludiques."

    Voila TOUT ce que je retiens du film... Aucune profondeur scénaristique et psychologique... Juste des filles en petite tenue dans un jeu vidéo...
    J'aurai aimé que cela soit filmé et raconté à la manière de Slumdog millionaire... La, sans le synopsis, on ne pourrai savoir que c'est son imagination...ca manque d'aller-retour entre l'imagination et la réalité..

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  2. "Faut-il pour autant réduire ce film à à un simple fantasme de gamer doublé d'une impressionnante démonstration technique ?"

    Oui.

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  3. Décidément, Sucker Punch n'en finit plus de diviser... Reprocher à ce film son manque de profondeur, c'est peut-être ne pas chercher les multiples lectures qu'il peut nous offrir.

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  4. Le souci est que ces multiples lectures sont trop bien cachées pour être visible par le profane.. C'est le genre de film, je pense, qui, au 1er visionnage, reçoit le commentaire que j'ai laissé.. Et je vais réfléchi "à froid" au film pour voir si d'autres lectures m’apparaissent.

    Par exemple, les multiples lectures et pistes sont données dans les 15 dernières minutes, abruptement, et cela tombent comme un cheveu dans la soupe. (elle a mis le feu...elle a poignardé le soignant-mais pourquoi?- le soignant l'a violé?)... Donc, c'est difficile de tout ingurgiter d'un coup.. D’où le fait que j'aurai préféré une sorte de va-et-vient entre imagination et réalité.

    une question: le sorte de chef militaire des filles est le chauffeur de bus, l'imagination de la jeune baby doll lui est inspiré de la réalité, alors de quand a-t-elle connu ce chauffeur? Je ne me souviens pas l'avoir rencontré avant toute la fin du film

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  5. Ce que tu n'as pas aimé est justement ce qui, je trouve, fait la force du film : derrière ses allures de blockbuster simpliste, Sucker Punch est un film au scénario ouvert, qui joue avec l'imagination du spectateur en lui proposant une multitude d'interprétations.

    Je vais te soumettre une autre piste : et si Baby Doll elle-même n'était que le fruit de l'imagination de Sweet Pea ? Et si c'était Sweet Pea qui avait en fait tué sa soeur, et que la scène du train n'était que le symbole de l'acceptation de son crime et donc de sa guérison ?

    Le fait que toutes ses interprétations n'apparaissent qu'à la fin est une autre force. Il encourage au moins à voir deux fois le film : la première pour s'en prendre plein les yeux, la deuxième pour saisir son sens profond.

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  6. J'y suis allé avec 3 autres personnes hier, et, à l'unanimité, aucun n'a aimé le film.. Je pense que le côté Blockbuster est beaucoup trop visible et bien peu de personnes vont prendre le temps de créer des hypothèses.

    Mais j'ai réfléchi au film (la nuit porte conseil). La multitude d'interprétation est visible, mais il faut faire l'effort d'y songer.

    Ta piste donnée est intéressante, et remet totalement en jeu toute la vision du film.. En effet, et si c'était l'imagination de sweet Pea et que Baby Doll n'était là que pour nous induire en erreur.. Cela expliquerai pas mal de choses (dont la présence du chauffeur de bus peut être. Elle a tuée sa sœur comme Baby Doll avec la sienne, et tout le reste du film serai un pardon.. OU alors, c'est d'abord le rêve de BD puis, on a un basculement vers SP (mais la, je m'égare)
    Donc, si je comprend bien, ce n'est pas le cuisinier qui aurai tué sa soeur, mais elle-même... intéressant.

    OU alors ce film est tout simplement un film à tiroirs, ou plusieurs interprétations seraient possibles.. Après tout, avec l'imagination, tout est possible!

    PS: j'oubliai: je déteste voir des filles en petites tenue pendant deux heures.

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