jeudi 21 octobre 2010

Les Petits Mouchoirs


Alors que l'un d'eux est coincé sur un lit d'hôpital à la suite d'un grave accident de scooter, une bande de copains décide de maintenir malgré tout leurs traditionnelles vacances au Cap Ferret.

Il n'a de cesse de le répéter, Guillaume Canet a mis dans Les Petits Mouchoirs ce qu'il avait de plus personnel. Les Petits Mouchoirs est SON film, c'est aussi son œuvre la plus ambitieuse à en juger par son casting quatre étoiles, sa durée (2h34), son sujet fédérateur et sa sortie sur plus de 550 copies. Et de l'ambition, il en fallait pour s'attaquer au film de potes, genre dans lequel le cinéma français a déjà quelques sérieuses références.

Guillaume Canet peut être fier de son coup. Certes, les Petits Mouchoirs est loin d'être exempt de défauts. Ainsi, il n'échappe pas à l'inévitable écueil d'un film aussi choral , réduisant chacun de ses personnages à un simple trait de caractère. Trop de fois, il cède également à la facilité, appuyant chaque scène d'émotion d'une ballade mélancolique, ou exploitant à l'extrême un filon comique (la relation Cluzet-Magimel) qui relève plus de l'impasse scénaristique. L'écriture n'est ni assurée, ni aboutie, la mise en scène pas toujours adroite... mais qu'importe.

On pardonne volontiers ces petits défauts : on n'a pas tous les jours l'occasion de voir un film d'une aussi désarmante sincérité. S'il n'a de complaisance pour aucun d'entre eux, Canet aime ses personnages de trentenaires bourgeois un peu paumés et, pour notre plus grand plaisir, prend le temps de réserver à chacun son petit moment de gloire. Le plus souvent, c'est franchement désopilant, à l'image de cette colère noire de Marie (Marion Cotillard) chahutée par ses amis au cours d'une activité nautique, ou de la guerre sans merci que livre Max (François Cluzet) aux fouines cachées dans les murs de sa propriété. Mention spéciale, au passage, à l'ensemble des interprètes, tous excellents sans exception.

A en juger par le nombre d'éclats de rire, l'aspect comédie est donc des plus réussis. Mais Guillaume Canet - malgré les imperfections évoquées ci-dessus - fait aussi preuve de savoir-faire dans un registre plus dramatique. Ce séjour au Cap Ferret est ainsi l'occasion de détailler, à travers les petits ressentiments des uns et des autres, la complexité de la notion d'amitié. Surtout, il se dégage une réelle émotion d'une dernière partie (pourtant un rien facile) pleine de sensibilité, qui nous invite à une réflexion sur notre rapport aux autres.

Guillaume Canet est encore loin d'être un scénariste et un metteur scène accompli. Mais il s'affirme dans Les Petits Mouchoirs comme un auteur touchant, d'une grande sincérité. Cela suffit largement à notre bonheur.

Verdict :

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