vendredi 12 novembre 2010

Potiche


En province, dans la fin des années 70, Robert Pujol est un industriel aussi exécrable avec ses ouvriers qu'avec sa famille. Mais alors qu'une hospitalisation l'éloigne de son usine pendant quelques temps, sa femme, jusqu'alors reléguée au rang de potiche, trouve une occasion de s'affirmer.

Après une série de films dramatiques plus ou moins réussis, le prolifique François Ozon revient à la comédie, genre qu'il n'avait pas abordé depuis 2001 et le succès de 8 Femmes. Potiche a de nombreux points communs avec ce dernier, à commencer par une distribution de luxe (Fabrice Luchini, Catherine Deneuve, Karin Viard et Gérard Depardieu à l'affiche, excusez du peu) et le fait qu'il soit l'adaptation d'une pièce de théâtre.

François Ozon semble parfois se sentir à l'étroit dans cette filiation et, à l'image d'une introduction laborieuse, n'évite pas toujours l'écueil du théâtre filmé. Mais une fois lancée la mécanique du scénario, Potiche est bel et bien la comédie féroce et pleine de rythme que l'on attendait. Luchini est délicieusement odieux, Deneuve parfaitement décalée, et c'est avec une vraie jubilation que l'on voit ce microcosme bourgeois s'écharper pour la prise du pouvoir dans l'entreprise familiale. Ozon réussit au passage un manifeste féministe plus fin qu'il n'y paraît, et donne à son film un ancrage politique d'une surprenante actualité - il y est déjà question de délocalisation - alors que nous ne sommes que dans les années 70.

On sent d'ailleurs que tout le monde s'est beaucoup amusé à cultiver ce côté vintage, voire complètement kitsch. Potiche, c'est aussi un univers de papiers peints à motifs improbables, de téléphones à moumoute et de variété française ringarde. Le film atteint un sommet de second degré potache en mettant en scène Deneuve et Depardieu dansant sur du Il Etait Une Fois. Le bonheur de voir ces deux monstres sacrés s'adonner à ce plaisir coupable vaut à lui seul le déplacement.

Verdict :

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