
Après avoir tué accidentellement sa petite sœur, la jeune Babydoll se retrouve internée de force par son beau-père. Dotée d'une imagination débordante, Babydoll trouve dans son esprit un moyen d'échapper à la triste réalité de l'asile dont elle est prisonnière.
Si Zack Snyder (Watchmen, 300, Le Royaume de Ga'Hoole) n'a plus à prouver sa capacité à donner à ses films d'inimitables qualités esthétiques, il a jusqu'à présent toujours pu s'appuyer sur un matériau préexistant pour imprimer son empreinte. Sucker Punch est cette fois une œuvre "autonome", réalisée et scénarisée par Snyder himself, et l'on peut donc en déduire qu'il s'agit là de son film le plus personnel.
Mais paradoxalement, on peut dire de Sucker Punch qu'il est un film très référencé, sorte de synthèse entre
Shutter Island,
Scott Pilgrim et
Inception. A la manière de ce dernier, il empile les strates de récit - non pas dans les rêves, mais dans l'imagination de son héroïne - pour situer l'action dans une pluralité d'univers.
Un prétexte idéal pour livrer un incroyable et extraordinaire spectacle de sons et lumières, qui devrait fixer un nouveau standard de qualité en matière d'effets numériques. Empruntant bien plus à la grammaire du jeu vidéo (briefings, boss, items à récupérer) qu'à celle du cinéma, Zack Snyder n'hésite pas à nous emmener d'un dojo où l'héroïne doit vaincre d'impressionnants robots-samouraïs à un champ de batailles de la deuxième guerre mondiale où les personnages devront décimer une armée de zombies nazis. Totalement décomplexé, le film n'en est que plus jouissif, assumant totalement de procurer au spectateur un plaisir simple et immédiat : celui de voir des filles sexy s'adonner à des gunfights ultra-bourrins dans une multiplicité de mondes vidéo-ludiques. Avec en prime une BO recélant d'authentiques bijoux, à commencer par la superbe reprise de Sweet Dreams par Emily Browning.
Faut-il pour autant réduire ce film à à un simple fantasme de gamer doublé d'une impressionnante démonstration technique ? Sucker Punch est bien plus que cela. Si dans Inception, le rêve est le vecteur permettant au héros de parvenir à un but final, l'imagination est dans Sucker Punch le seul moyen de fuir une terrible réalité. Dans une sublime
scène d'ouverture, Zack Snyder, en plus de faire la preuve de réelles qualités de metteur en scène, donne à son film une tonalité résolument désespérée. Le contraste entre cette noire réalité et les scènes débridées issues de l'imagination de Babydoll donne au film une certaine étrangeté, et surtout une puissance poétique d'autant plus forte qu'elle est totalement inattendue.
Verdict :