mercredi 26 octobre 2011

Polisse


A Paris, une photographe est propulsée dans le quotidien de la Brigade de Protection des Mineurs.

Les choses sont parfois simples. Maïwenn tombe un jour sur un reportage consacré à la Brigade de Protection des Mineurs, et se dit qu'elle tient là une belle idée de film. Un stage d'immersion à la BPM et un tournage plus tard, elle se retrouve à Cannes, où la critique réserve à son Polisse un accueil des plus favorables. Et se voit finalement attribuer un Prix du Jury bien mérité, sous l'œil bienveillant du grand Robert de Niro. Pour sa première semaine d'exploitation en France, Polisse réalisera un démarrage fulgurant, attirant 636 000 spectateurs dans les salles obscures...

Le sujet, c'est le moins qu'on puisse dire, est du genre rassembleur. Mais ce n'est pas tant le travail de la BPM - pour lequel un plaidoyer semblerait vain - qui intéresse Maïwenn que la manière dont le quotidien de ces gens est impacté par l'horreur ordinaire. "Ca me tord" lâche Fred (Joeystarr) dans un soupir, nerveusement épuisé par sa journée. Tout le film semble traversé par cette sensation viscérale. Pendant plus de deux heures, Polisse alerte, questionne, et montre à quel point ces gens sont cabossés par le simple exercice de leur métier ("je suis peut-être un briseur de vie").

La tonalité de l'ensemble n'est pourtant pas entièrement grise, permettant au film de s'extraire d'un misérabilisme embarrassant. Bien sûr, les interrogatoires sont glauques, les arrestations éprouvantes. Mais le rire se manifeste souvent où on ne l'attend pas, vécu comme une délivrance salutaire. Difficile de garder son sérieux quand une ado explique, avec un naturel édifiant, ne pas avoir de problème avec le fait de sucer pour un portable. En montrant ces instants de tension autant que de complicité, Maïwenn parvient à donner corps au groupe, faisant une admirable démonstration de sa fonction d'amortisseur émotionnel.

Mais la grande générosité de Polisse est, malgré son sujet quasi-documentaire (chaque scène est inspirée d'un fait réel), de ne jamais renoncer à la recherche d'une forme d'énergie brute. Par son interprétation d'abord, chaque acteur (Joeystarr et Karin Viard en tête) semblant se livrer totalement à son rôle. Mais surtout par ses choix de mise en scène. Dialogues hurlants d'authenticité, réalisation caméra au poing et montage bouillonnant, Polisse est une œuvre incroyable de rage et de fureur. Un film d'une grande force, qui vous empoigne dès les premières secondes pour ne vous relâcher qu'à la toute fin.

Verdict :

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