de Ridley Scott

2 - Ces Amours-là
de Claude Lelouch

3 - Tout ce qui brille
de Géraldine Nakache

Critiques (presque) hebdomadaires d'un amoureux du cinéma.
Un briquet, un stylo, un téléphone portable. C'est tout ce dont dispose Paul Conroy, camionneur américain, pour se sortir d'un cercueil enterré quelque part en Irak.
Pour son premier long métrage, l'espagnol Rodrigo Cortés est parti d'une idée audacieuse, certes excitante mais aussi terriblement casse-gueule : mettre un personnage dans un cercueil, avec 90 minutes pour s'en sortir et pour seule interaction possible avec le monde extérieur un téléphone portable. Le but est bien évidemment de faire vivre au spectateur une expérience de cinéma claustrophobe et oppressante. La scène de Kill Bill vol. 2 qui voyait Uma Thurman enterrée vivante fonctionnait à ce niveau plutôt bien, restait à savoir si le concept était tenable sur la distance.
Pour parvenir à cette fin, Rodrigo Cortés a bien évidemment dû recourir à quelques artifices de scénario pas toujours vraisemblables - le point de départ lui-même n'est jamais qu'un prétexte - mais toujours au service d'une mise en scène impitoyable d'efficacité. Pour apprivoiser cet espace confiné, il multiplie ainsi les sources d'éclairage (bleu pour l'écran de téléphone, blanc et rouge pour la lampe-torche, jaune pour la flamme du briquet) et les utilise comme autant de marqueurs des différentes phases du récit. Et ce n'est là qu'un exemple des nombreuses idées de réalisation qui parcourent Buried. Le résultat est un film en tension permanente, incroyablement haletant, et dont le suspense va crescendo pour aboutir à un final bluffant.
Cette efficacité, Buried la doit également à son intrigue simple mais plutôt rusée. Evidemment, on pourrait résumer le film à une simple succession d'appels téléphoniques par lesquels Paul Conroy tente de sortir du piège dans lequel il est tombé. Sauf qu'en plus d'être enfermé entre six planches de bois, le héros se trouve progressivement coincé dans l'impasse entre la relative désinvolture de l'administration et la totale intransigeance de ses ravisseurs. De physique, le sentiment d'enfermement se fait de plus en plus psychologique, et paradoxalement de plus en plus palpable. Buried se permet au passage une critique acerbe - bien que pas très originale - de l'action américaine en Irak et du cynisme de notre société.
Elément-clé de la réussite du film, Ryan Reynolds livre une prestation ahurissante. Entre panique, peur et colère, son abattage impressionne et emporte sans problème l'empathie : on n'a aucun mal à s'identifier à son personnage de camionneur, victime collatérale d'un conflit qui le dépasse. Le suspense n'en est que plus intenable...
Verdict :